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L'empathie

28 Février 2011 , Rédigé par leblogducorps.over-blog.com

 

 

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" Page mise à jour le 14 février 2011
"


 

DU SAMEDI 18 JUIN (19 H) AU SAMEDI 25 JUIN (14 H) 2011

 


 

L'EMPATHIE

 


DIRECTION : Antoine BESSE, Michel BOTBOL, Nicole GARRET-GLOANEC

Avec la collaboration de Nicolas GEORGIEFF et Bernard PACHOUD

http://www.ethicsofempathy.com/resources/_wsb_250x316_decety.jpg


ARGUMENT :

Créée pour rendre compte de l’accès à l’esthétique ou à l’ineffable, la notion d’empathie suscite un intérêt renouvelé du fait des questions qu’elle pose au carrefour de la philosophie, des neurosciences, de la psychologie cognitive et de la psychanalyse.

Définie comme la capacité de se mettre à la place de l’autre, elle est devenue l’un des paradigmes du débat sur la place de l’esprit dans son rapport au corps, à l’interface de la philosophie et des neurosciences.

Au-delà de ces dimensions importantes, ce que l’empathie incarne, c’est l’ambiguïté même de la notion d’esprit. S’agit-il de l’esprit de la psychologie cognitive (celui qui intervient dans la reconnaissance de la différence et du commun entre soi et l’autre ; ce qu’on nomme la théorie de l’esprit pour désigner le mouvement cognitif qui nous permet d’attribuer des états mentaux à autrui) ou s’agit-il plutôt de celui de la psychanalyse (celui qui se caractérise surtout par la place qu’il donne à l’affect et aux fantasmes dans la construction de soi et de l’autre, et dans les relations entre eux).

L’empathie est ainsi impliquée dans les activités les plus élémentaires de l’humain, qui sont également celles qui le spécifient le plus radicalement dans ses composantes réflexives et relationnelles, ainsi que dans la satisfaction de son besoin narratif pour donner sens et faire histoire. Elle l’est aussi dans ce que l’homme produit de plus élaboré: la création "d’instruments" de transmission de l’émotion ou du sens, la mise en mot de l’émotion esthétique, l’art comme expérience unique et/ou comme manifestation de la communauté d’une culture ou d’une civilisation. L’empathie est également essentielle dans toutes les activités qui visent à la reconnaissance et au soulagement de la souffrance de l’autre, tant dans l’empathie miroir (celle qui vise essentiellement à reconnaitre chez l’autre une souffrance psychique qu’il ressent ou qu’il a parfois du mal à appréhender lui-même), que dans l’empathie "interprétative ou métaphorique" (celle qui vise surtout à donner sens narratif à ce que l’autre dit ou montre éventuellement à son insu, en tout ou parties).

C’est aussi l’empathie qui est en cause dans l’intime conviction du juge, l’empathie sociale qui fait communauté, celle qui permet la transmission des valeurs au sein d’un groupe ou d’une société, les formes que celles-ci donnent au "nous" ; enfin c’est elle aussi qui est mise en jeu dans ce qui vise à influencer les individus ou les collectifs qu’ils constituent, du marché au politique en passant par la séduction amoureuse.

Dans toutes ces emplois, l’empathie pose en tout cas une question commune: qu’est ce qui au juste se transmet entre le sujet empathique et celui avec lequel il emphatise? Et comment?

La découverte récente des neurones miroirs (1994), et les nombreux travaux qui se sont succédés ensuite, ont ouvert une nouvelle voie dans la recherche d’une explication au "fossé de la transmission" entre l’un et l’autre.

Créée pour rendre compte du plus ineffable, l’empathie offrirait-elle une nouvelle voie royale pour comprendre la complexité de l’humain à partir de l’exploitation cognitive et psychique de "ce qu’il y a là": la mécanique cérébrale et la neurophysiologie neuronale.

COMMUNICATIONS :

L’empathie entre neurosciences et philosophie
* Jacques COSNIER: Empathie et communication langagière
* Shaun GALLAGHER: Empathie, cognition sociale et phénoménologie
* Jacques HOCHMANN: Histoire de l'empathie
* Bernard PACHOUD: Phénoménologie de l'empathie

L’empathie entre psychanalyse et psychologie cognitive
* Nicolas GEORGIEFF: Empathie et construction de soi
* René ROUSSILLON: Empathie, partage d'affect et homosexualité

* Séminaire SIP (Société de l’Information Psychiatrique)
* Séminaire AFPEP (Association Française des Psychiatres d'Exercice Privé)

Les voies de l’empathie: du neurone à la reconnaissance des émotions
* Nicolas DANZIGER: La perception de la douleur d'autrui: entre reconnaissance et déni
* Jean DECETY: The Neuroevolution of Empathy
* Jacques KRAEMER: L'identification dans le processus de création théâtrale
* Périne RUBY: L'empathie est-elle une aptitude si sociale? Apport de la neuroimagerie

L’empathie esthétique
* Thierry DELCOURT: Les portraits d'Ingres
* Jean-Louis PRADEL: Art et Empathie

Aux confins de l’empathie
* Alexis CUKIER: La nature ambivalente de l'empathie
* Serge TISSERON: L'empathie au coeur du jeu social
* Colvin TREVARTHEN: La reconnaissance précoce

* Séminaire Whaim Francophone: Empathie précoce (SIP)

Empathie, phénoménologie et reconnaissance sociale
* Alain CAILLÉ:
Empathie et échanges sociaux
* Stefan COLLIGNON: Economie et empathie
* Nathalie DEPRAZ: Phénoménologie et reconnaissance
* Jean-Jacques LABOUTIÈRE: Psychopathologie de la reconnaissance sociale

Les bases langagières de l'empathie
* Laurent DANON BOILEAU:
L’empathie chez l'enfant autiste, considérations cliniques et incidences théoriques

RÉSUMÉS :

Jacques COSNIER: Empathie et communication langagière
L'empathie suppose une relation avec autrui, et ses rapports avec les processus de communication sont inévitables, voire constitutifs. L’empathie ordinaire est nécessaire dans les situations de transactions quotidiennes où deux ou plusieurs personnes communiquent soit pour réaliser une activité de loisir ou de travail, soit pour amorcer ou entretenir une relation interpersonnelle. L’interaction conversationnelle est devenue un modèle de base pour toutes les situations d'interaction sociale qui peuvent en être considérées comme des dérivées: entretiens divers, consultations, interviews, enquêtes, relations de service. Ce type de situations nous servira d’exemple. Nous remarquerons que l’accord empathique conversationnel est basé sur deux postulats complémentaires: le postulat de causalité et le postulat empathique. Le rôle analyseur du corps sera particulièrement détaillé.

Publications
Motor mimicry demonstrating empathy: sharing versus exchange mode of communicating, en collab. Brunel, M.-L., Martiny, C., in Frijda N. (ed) ISRE'96, Toronto, 324-327, 1996.
Empathie et autisme: de l’analyseur corporel à la clinique de l’empathie,en coll. avec Berge, C., Cahiers d’acquisition et de pathologie du langage (CALaP), 100-119, 23, 2003.
Les deux voies de communication des émotions, in Colletta, J.-M. & Tcherkassof, A. (eds.), Perspectives actuelles sur les émotions. Cognition, langage et développement, Hayen, Mardaga, 2003.
Empathie et communication, La communication, état des savoirs, Editions Sciences Humaines, 139-143, 2005.
Les gestes de la transmission d’itinéraires entre piétons, in Parcours dans la ville.
 Descriptions de l’itinéraire piéton. 
Dir. J.-M. Barberis - M.-C. Manes Gallo, L’Harmattan, 230-239, 2007.
Le retour de Psyché, Paris, Desclée de Brouwer, 1998.
Le corps et l'interaction, in Chabrol, C. & Orly-Louis, I., (eds), Interactions communicatives, Presses Sorbonne Nouvelle, 91-95, 2007.
Inférences par résonances, Rééducation Orthophonique, 234, 123-129, 2008.

Alexis CUKIER: La nature ambivalente de l'empathie
A partir d'une discussion critique des thèses de Frans de Waal sur la portée morale des origines évolutionnistes de l'empathie — ainsi que des découvertes scientifiques récentes (résonance motrice, régulation affective, hypothèse de co-émergence) et des modèles classiques (projection, interprétation, imitation) et plus contemporains (changement de point de vue, reconnaissance, simulation) sur lesquels il s'appuie — je propose d'interroger à nouveaux frais la nature ambivalente de l'empathie, les multiples paradoxes à l'œuvre dans ses théories et ses usages:
- paradoxe théorique: l'empathie est à la fois affective et cognitive, résonante et interprétative;
- paradoxe social: l'empathie est automatique, identificatrice, égalitaire et, en même temps, sélective, désidentificatrice, inégalement distribuée;
- paradoxe moral: l'empathie est à l'œuvre dans l'aide ciblée et la sympathie comme dans la vengeance et la cruauté;
- paradoxe politique: l'empathie peut être au service de la coopération, de la délibération et de la démocratie tout comme au service de la compétition, de l'idéologie et de la manipulation.
Pour rendre compte de ces critiques et de ces ambivalences, je proposerai un nouveau modèle, l'interaction somatique, ainsi qu'une analyse de la fonction (évolutionniste, psychique et sociale) fondamentale de l'empathie comme levier du contrôle social des affects. C'est par l'expérience — dans l'interaction gestuelle, émotionnelle et langagière — du contrôle ou de la dépossession (internes ou externes) de mon empathie et de l'empathie d'autrui que j'apprends à participer à la trame affective de l'action sociale, à la distribuer, à la diriger ou à m'y soumettre. Je proposerai finalement de considérer ces analyses dans la perspective de l'actuelle "somatisation" des sciences sociales, c'est-à-dire l'inscription de son discours à même les corps et les émotions, et du problème théorique — décisif pour l'anthropologie, la clinique et la philosophie sociale et politique — qu'elle ouvre: que peut changer à notre compréhension de la nature (ambivalente) de l'homme le fait que nous soyons des corps, des animaux, naturellement sociaux?

Allocataire-moniteur en philosophie, Université Paris-Ouest, thèse en cours "Nouvelles perspectives sur l'empathie. Pour une philosophie sociale des corps", sous la direction de Catherine Malabou. Membre du laboratoire Sophiapol (Sociologie, Philosophie, Anthropologie Politiques) et du laboratoire junior "Actualité des concepts d'aliénation et d'émancipation" (ENS-Lyon).
Parutions: "L'être humain: un animal empathique? Pour une resomatologisation des sciences humaines", in Revue Corridor, Amiens, 2010;
"Politiques de l'empathie. A partir de Frans de Waal, L'âge de l'empathie, Leçons de nature pour une société solidaire", Revue Raisons publiques, n°14, 2011;
"De la simulation à la coopération : pour un nouveau modèle de l'empathie", Actes du colloque "Empathie et autisme, des neurosciences aux sciences sociales", 2011;
Patricia Attigui et Alexis Cukier (sous la direction de), Les Paradoxes de l'empathie, CNRS Éditions, coll. "Alpha", avril 2011.

Jean DECETY: The Neuroevolution of Empathy
There is strong evidence that empathy has deep evolutionary, biochemical, and neurological underpinnings. Even the most advanced forms of empathy in humans are built on more basic forms and remain connected to core mechanisms associated with affective communication, social attachment, parental care, and motivation to help. The field of social neuroscience has begun to examine the neurobiological mechanisms that instantiate empathy, especially in response to signals of distress and pain, and how certain dispositional and contextual moderators modulate its experience. Functional neuroimaging studies document a circuit — including the insula, dorsal anterior cingulate cortex, anterior midcingulate cortex, supplementary motor area, amygdala, and periaqueductal gray — that respond to the perception of others’ distress. Activation of this circuit reflects an aversive response in the observer, and this information may act as a trigger to inhibit aggression or prompt motivation to help. Moreover, empathy in humans is assisted by other abstract and domain-general high-level cognitive abilities such as executive functions, theory of mind and language, which expand for the range of behaviors that can be driven by empathy.

Jacques KRAEMER: L'identification dans le processus de création théâtrale
M'appuyant sur les exemples de ma dernière création (1669 Tartuffe, Louis XIV et Raphaël Lévy), et de celle en gestation (Trois Nuits chez Meyerhold), je dirais comment l'identification à un personnage (historique ou de fiction) suscite le désir créatif, est le déclic et accompagne, selon des modalités diverses, le long chemin de l'écriture, de la mise en scène et, enfin, du jeu de l'acteur, donc tout le parcours théâtral, de la naissance du projet à la réalisation scénique présentée au public.

Formé à la rue Blanche et au Conservatoire National à Paris, fondateur en 1963 du Théâtre Populaire de Lorraine, Jacques Kraemer est un des pionniers de la Décentralisation Théâtrale. Acteur, metteur en scène, il a réalisé une centaine de spectacles d'auteurs classiques ou contemporains.
Il est l'auteur d'une vingtaine de pièces de Théâtre: Minette la bonne Lorraine (Seuil), Oncle Jakob, Le Juif Süß, Thomas B. (L'Avant-Scène), Le Golem, Le Home Yid (Editions des 4 Vents), etc...

BIBLIOGRAPHIE :

Allilaire J.-F., Widlocher D., Empathie, communication intersubjective et clinique psychiatrique, Ann. méd. psychol. 1999 ; 157(9) : 599-611.
Beres D, Caliandro S, Kirshner L.A., et al. L’empathie [dossier], Rev. fr. psychanal. 2004 ; 68(3) : 757-992.
Berthoz Alain, Jorland Gérard, L’Empathie, Paris, Odile Jacob, 2004.
Bolognini Stefano, L’empathie psychanalytique, ERES, 2006.
Boulanger C, Lancon C., L’empathie: réflexions sur un concept, Ann. méd. psychol. 2006 ; 164(6) : 497-505.
Caillé Alain, L’amour des autres, La revue du Mauss, La Decouverte, 2007.
Collignon Stefan, Pour la République européenne, Odile Jacob, 2008.
Davoine Françoise, La Folie Wittgenstein, Paris, 1992, "Histoire et trauma", Stock.
Decety Jean, Naturaliser l’empathie, Revue l’Encéphale, 28, 9-20, 2002.
Decety J., Ickes W., The Social neuroscience of empathie, 2009.
Georgieff Nicolas, L’empathie, Revue française de Psychiatrie de l’enfant.
Hochmann Jacques, Histoire de l'autisme, Odile Jacob, janvier 2009, 528 pages.
Lebovici S., "L’Empathie", in Lebovici (ed), L’Arbre de vie. Eléments de psychopathologie du bébé, Eres, 2008.
Pradel J.-L., L’Art contemporain, Larousse.
Revue Française de Psychanalyse, « L’empathie », Tome LXVIII, juillet 2004.
Rizzolatti G., Sinigaglia C., Les neurones miroirs, Paris, Odile Jacob, 2008 ; Cambridge : MIT Press.
Rochat Philippe, Le Monde des bébés, Odile Jacob, février 2006.
Rochat, Philippe, Others in Mind – Social Origins of Self-Consciousness, 234 pp. New York, N.Y.: Cambridge University Press. 2009.
René Roussillon, Jean-Paul Matot, La psychanalyse : une remise en jeu, PUF, 2010.
Tisseron S., L’empathie, Albin Michel, 29 setembre 2010.
Trevarthen, C. (1979), "Communication and cooperation in early infancy : A description of primary intersubjectivity",  in M. M. Bullowa (Ed.), Before speech : The beginning of interpersonal communication (pp. 321-347). New York : Cambridge University Press.
Trevarthen, C. 1993, "The self born in intersubjectivity : An infant communicating", in U. Neisser (ed.), The Perceived Self : Ecological and Interpersonal Sources of Self-Knowledge, New York, Cambridge University Press, p. 121-173.
De Waal Franz, L’age de l’empathie, leçons de la nature pour une société solidaire, Les Liens qui libèrent, 2010.

 

Avec le soutien
de la Société de l’Information Psychiatrique (SIP),
de l’Association Française des Psychiatres d'Exercice Privé (AFPEP)
et du Centre de Recherche Psychanalyse, Médecine et Société (CRPMS) de l 'Université Paris VII

 


 

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