Ambiance urbaine et sports urbains : des représentations aux expressions
Edito n°38
Dans la relation que le citadin entretient avec son environnement, la question des pratiques corporelles, physiques et/ou sportives nous montre que la mise en mouvement des corps
peut-être un moyen d’agir à la fois dans et sur la ville, au cœur de l’espace public urbain. Pour cette raison, la notion d’ambiance peut aussi être éclairée à partir d’une
analyse de l’urbanité, ou plutôt des urbanités, car l’ambiance met en scène une pluralité de sensibilités. Rappelons, après Pascal Amphoux[1], qu’une ambiance serait
« indéfinissable » mais renverrait plutôt aux dimensions de la sensibilité, altérité (humaine, matérielle ou spatiale) et temporalité. Dans le cadre de mes travaux, j’étudie
les pratiques ludo-sportives (Parkour, Street-golf, Spéléologie urbaine, Grimpe urbaine, etc.) et les pratiquants qui inventent une urbanité ludique[2] et de nouvelles formes culturelles produites par la logique même de
leur décor. La sensibilité à l’espace est ici de mise. Comment expliquer par exemple que le tracer (celui qui pratique le parkour) insiste sur « le fait de pouvoir
sauter d'immeuble [leur] fait découvrir la troisième dimension de cet espace qui [les] entoure, cet espace qu'avant [le] premier saut [ils] ne considéraient que comme
plat » ? Si les sociologues du sport s’accordent à penser que les espaces sportifs changent de nature, ce n’est pas par hasard. Les espaces de pratique se diversifient
sous le poids des dimensions sensible et environnementale, ce que nous montrent les travaux sociologiques, anthropologiques et phénoménologiques actuels. Les pratiques ludo-sportives
qui émergent (échasses urbaines, parkour, danse, grimpe, golf, course d’orientation, etc.) ne sont plus conditionnées dans des aménagements spécifiques – en ce qui concerne les
sports urbains - mais s’ouvrent petit à petit à l’« Ambiance architecturale » qui nourrit les pratiquant(e)s de tout un imaginaire[3], cet univers du possible. Ici par exemple, on peut voir respectivement
un spéléologue, un golfeur, un sauteur puis un tracer faire l’expérience de lieux donnés comme le réseau souterrain, la rue, l’immeuble ou le square.
On perçoit comment la notion d’ambiance peut être aussi mobilisée en science du sport car elle cristallise les dimensions sensible nous l’avons dit, mais aussi temporelle –ce qui marque le passage des représentations aux expressions[4]- dans les appropriations ludo-sportives de l’espace public urbain. Dans ce travail, la notion d’ambiance décrit alors un cadre urbain ordinaire (rues, immeubles, parcs, jardins, mobiliers urbains, etc.) mais propice aux expériences corporelles : sauter de toits en toits, déambuler dans le réseau souterrain d’une ville, jouer avec les mobiliers, parcourir les architectures… La transformation du cadre ordinaire, impersonnel, oppressant et repoussant parfois, suppose une transposition du sens – l’urbanisme fonctionnaliste par exemple – par la construction individuelle et/ou collective d’une nouvelle ambiance ou atmosphère ludique. Ce mouvement de différenciation[5], proposant « une alternative à d’autres approches de l’environnement urbain », fait valoir un agir ludo-sportif et sensible qui critique ce cadre urbain qui est là, devant nos yeux. Ainsi, les déplacements et déambulations sur les trottoirs, bancs, escaliers, murs et murets, toits ou autres tremplins « naturels » donnent à ces activités une finalité à la fois esthétique et énergétique. L’objectif est de développer des mouvements efficaces, fonctionnels et utiles au développement de l’individu et à son adaptation dans l’environnement urbain. La troisième finalité est alors urbanistique, au sens où le pratiquant construit ainsi un discours sur la ville en s’exerçant, sur l’espace public, à une forme sportive de délibération. Le changement d’atmosphère – pour reprendre les analyses de V. Nahoum-Grappe – entendu comme une expérience sociale de l’espace et du temps, est alors le principe qui guide ces pratiquants à investir la ville de leurs conduites corporelles et vertigineuses. |
In the relationship the city has with its environment, the issue of physical practices, physical and / or sports shows us that the setting in motion of bodies can be a way to act
in both the city and the heart of urban public space. For this reason, the notion of atmosphere can also be illuminated from an analysis of urban, or rather urbanities, because the
atmosphere showcases a number of sensitivities. Remember, after Pascal Amphoux that atmosphere is "indescribable", but rather refers to the dimensions of sensitivity, alterity (human,
material and space) and temporality. As part of my work, I study sports practices edutainment (Parkour, Street Golf, Caving urban, urban climbing, etc.) and the practitioners who invent
a playful urbanity and new cultural forms produced by the logic of their decor. The sensitivity to space is up here. How to explain for instance that the tracer (the one who practices
parkour) insists on "being able to jump from building [their] introduces the third dimension of this space [the] surrounding this space before [the] first jump [they] did not consider
that as a meal? While sport sociologists agree that the changing nature of sports facilities, it is not by chance. Areas of practice are diversifying under the weight of the sensitive
and environmental. Practices emerging edutainment sports (jumping stilts, parkour, dancing, climbing, golf, orienteering, etc.) are no longer packaged in specific facilities - in regard
to urban sports - but open slowly to the "architectural atmosphere" that feeds the practitioners of an entire imaginary world of this possible. Here, for example, we can see,
respectively, a caver, a golfer, a jumper and then a draw experience from a premise as the underground network, the street, the building or the square.
We perceive how the concept of environment can also be mobilized in sports science as it crystallizes the dimensions we say sensitive, but also time-marking the passage of representations to expressions - in edutainment appropriation of urban public space. In this work, the concept of atmosphere describes an urban plain (streets, buildings, parks, gardens, street furniture, etc.) but conducive to physical experiences: jumping from roof to roof, walk through the underground network of city, playing with the furniture, go architectures. The transformation of ordinary, impersonal, oppressive and sometimes repulsive requires a transposition of meaning –functionalist urbanism- example by building individual and / or a new atmosphere of collective or playful atmosphere. This movement of differentiation, proposing "an alternative to other approaches to the urban environment," says one ludo-sensitive urban setting that is critical of what is there before our eyes. Thus, travel and strolling on sidewalks, benches, stairs, walls and retaining walls, roofs or other springboards "natural" give these activities a purpose of both aesthetic and energy. The objective is to develop efficient movement, functional and useful for individual development and its adaptation in the urban environment. The third purpose is so urban, meaning that the practitioner builds a discourse on the city exerted over public space, an athletic form of deliberation. The change of atmosphere - to use the analysis of V. Nahoum-Grappe - understood as a social experience of space and time, then, is the guiding principle behind these practitioners to invest the city of their body lines and dizzying |
NOTES