Le corps de la psyché
12 Mai 2013 , Rédigé par Bernard Andrieu
Nul ne s'émancipe de vingt-cinq siècles d'une conviction dualiste qui, depuis Platon, oppose radicalement l'âme et le corps et formate à notre insu nos catégories de langue et de pensée. Tout de l'expérience psychanalytique pourtant, celle de ce ""corps étranger interne"" qu'est l'inconscient, contribue à brouiller des distinctions trop claires. Il n'est de processus ""psychique"" qui, à l'image de l'angoisse ou du plaisir, ne dispose de son trajet somatique. Mais Psyché ne se contente pas de passer par le corps, elle en détourne les fonctions, à l'image de la faim de la boulimique, de la constipation chronique de l'obsessionnel ou de l'hypertension du patient ""psychosomatique"". La psychanalyse navigue entre deux écueils, celui d'une différence de nature entre corps et psyché à l'image du dualisme cartésien, ou inversement, celui d'une identité à la Groddeck, qui en vient à supprimer l'hétérogénéité du corps, du soma biologique. Le premier écueil ignore à quel point Psyché est corporelle, le second réduit toute pathologie somatique (cancer compris) à un phénomène psychique. Où s'arrête le corps de Psyché, où commence le soma du biologiste ' ""Psyché est corporelle, n'en sait rien"".