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L'invention du sauvage

23 Juillet 2011 , Rédigé par leblogducorps.over-blog.com

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PROGRAMME
  
« EXHIBITIONS/ZOOS HUMAINS »
 
 
 
UNE EXPOSITION-ÉVÉNEMENT

« EXHIBITIONS. L'Invention du Sauvage »

 

29 novembre 2011 - 3 juin 2012 

Musée du quai Branly (Paris)

  

  

Photographie de l'affiche : « Guillermo Antonio Farini avec ses Earthmen »,

Londres, photographie en studio (exhibition au Royal Aquarium), 1884 

Coll. Pitt Rivers Museum 

   

 

L'exposition, conçue par Lilian Thuram, Pascal Blanchard et Nanette Jacomijn Snoep, met en lumière l'histoire d'hommes, de femmes et d’enfants, venus d'Afrique, d'Asie, d'Océanie ou d'Amérique, exhibés en Occident à l’occasion de numéros de cirque, de représentations de théâtre, de revues de cabaret, dans des foires, des zoos, des défilés, des villages reconstitués ou dans le cadre des expositions universelles et coloniales. Un processus qui commence au XVIe siècle dans les cours royales et va croître jusqu'au milieu du XXe siècle en Europe, en Amérique et au Japon.

Peintures, sculptures, affiches, cartes postales, films, photographies, moulages, dioramas, maquettes et costumes… donnent un aperçu de l’étendue de ce phénomène et du succès de cette industrie du spectacle exotique qui a fasciné plus d'un milliard de visiteurs de 1800 à 1958 et a concerné près de 35 000 figurants à travers le monde.

À travers un vaste panorama composé de près de 600 œuvres et de nombreuses projections de films d’archives, l’exposition montre comment ces spectacles, à la fois outil de propagande, objet scientifique et source de divertissement, ont formé le regard de l'Occident et profondément influencé la manière dont on a appréhendé l’Autre depuis près de cinq siècles. L'exposition explore les frontières parfois ténues entre exotiques et monstres, science et voyeurisme, exhibition et spectacle, et questionne le visiteur sur ses propres préjugés dans le monde d’aujourd’hui. Si ces exhibitions disparaissent progressivement dans les années 1930, elles auront alors accompli leur œuvre : créer une frontière entre les exhibés et les visiteurs, deux humanités, deux mondes.

Dans une scénographie évocatrice de l'univers du spectacle, l'exposition explore, dans une approche historique et thématique, la mise en scène de « l’Exotique » ou des « monstres » et la réception de ces spectacles populaires, scientifiques ou d’avant-garde à travers le monde. Grâce à l'audioguide, la voix et les commentaires de Lilian Thuram accompagnent le visiteur tout au long de l’exposition, en commentant une sélection d’affiches, de photographies, de sculptures et d’autres objets exposés pour les replacer dans leur contexte spécifique.

EXHIBITIONS s'attache à sortir de l’anonymat ces hommes, femmes, enfants, figurants, bêtes de foires, acteurs ou danseurs, en dévoilant leurs histoires aussi diverses qu'oubliées. C’est un événement à plus d’un titre. S'appuyant sur un travail de recherche débuté il y a plus de dix ans (avec le livre Zoos humains. Au temps des exhibitions humaines), un corpus de plusieurs milliers d'œuvres et documents issus de plus de 200 musées et collections privées du monde entier (notamment la collection rassemblée par le Groupe de recherche Achac et celles du musée du quai Branly), et une approche transversale et croisée sur une trentaine de pays, il s’agit de la première exposition majeure adoptant une approche internationale sur ce que l’on désigne sous le terme de « Zoos Humains ».

 

 

Quatre parties organisent et structurent le parcours de l’exposition :

 

    Acte 1 - La découverte de l'Autre : rapporter, collectionner, montrer

Ce premier acte présente la venue d’hommes exotiques en Europe, du XVe siècle au XVIIIe siècle, et leur regard porté sur ces « étranges étrangers », selon les quatre archétypes mis en scène : le sauvage, l’artiste, le monstre et l’ambassadeur exotique. À travers différents supports sont évoqués successivement la procession des « sauvages » Tupinamba du Brésil lors de l’entrée royale de Henri II en 1550 à Rouen, la venue des ambassadeurs Siam à la cour de Versailles en 1686 ou encore la présentation des Eskimos au roi Frederik II en 1654 à Copenhague… L'exposition présente notamment le fameux Portrait d’Antonietta Gonsalvus de Lavinia Fontana (1585) représentant l’une des enfants de la famille Gonsalvus des Canaries, connue au XVIe siècle pour sa pilosité légendaire.

 

    Acte 2 - Monstres & exotiques : observer, classer, hiérarchiser

 

Le début du XIXe siècle marque le commencement d'un nouveau genre : le spectacle ethnique qui se développe d'abord dans des cafés-théâtres puis dans des espaces de plus en plus grands et, bientôt, dans de véritables expositions ou cirques. Ce processus du spectacle de la différence assimile le difforme et le lointain: anormalités physiques, psychologiques et géographiques, désormais mises en scène, deviennent objets de spectacles. L'arrivée des premiers shows ethniques et de freaks forment une nouvelle dimension dans la culture populaire : l'exposition d'hommes exotiques aux côtés de monstres devient régulière. Ces spectacles façonnent le regard occidental sur l'altérité, et plus spécifiquement l'altérité en provenance des territoires que les différents États européens espèrent conquérir ou sont en train de coloniser. Au même moment se développent des théories portant sur la classification et hiérarchisation de l’humanité et la notion de « race » qui vont marquer les sciences humaines tout au long du XIXe siècle.

 

    Acte 3 - Le spectacle de la différence : recruter, exhiber, diffuser

 

Entre 1870 et la Seconde Guerre mondiale, de nombreux lieux se spécialisent dans le « spectacle ethnique » : Crystal Palace à Londres, Barnum et Bailey à Madison Square, les Folies-Bergère à Paris ou alors le fameux Panoptikum de Castan à Berlin. C’est l’époque de la professionnalisation du genre, le spectacle exotique devient un spectacle de masse. Le visiteur découvre ces « acteurs de la sauvagerie » qui se produisent sur scène, tels les aborigènes, les amazones, les charmeuses de serpents, les funambules japonais ou les danseuses du ventre orientales, mais aussi le Clown Chocolat dessiné par Toulouse-Lautrec ou encore le personnage mythique de Buffalo Bill qui présente son show autour de l’archétype de l’Amérindien exhibé, qui marquera à jamais l’imaginaire du Far West. C’est un « Sauvage » inventé que découvre, sans le savoir, le public. Rémunéré le plus souvent, l’exhibé, mis en scène, participe de cette construction des imaginaires.

 

    Acte 4 - Mise en scène : exposer, mesurer, scénariser

 

Villages ethniques reconstitués, jardins d’acclimatation et zoos, expositions coloniales et universelles, la science et le spectacle s’entremêlent dans des lieux multiples. Populations exotiques et étrangetés de la nature se retrouvent sur scène côte à côte comme appartenant au même univers de l’anormalité. Démesure, monumentalité et reconstitutions éphémères marquent cette partie de l’exposition illustrée par des œuvres de grand format, notamment les affiches et les frises peintes, les projections de films d’archives, mais aussi des photographies et cartes postales. Le parcours de l’exposition s’achève avec la fin des exhibitions dont les raisons sont diverses, mais identiques à léchelle du monde : manque d’intérêt du public, développement de l’industrie du cinéma, nouvelles formes de propagande impériale…

 

 

Communication :

Musée du quai Branly

Nathalie Mercier : nathalie.mercier@quaibranly.fr

www.quaibranly.fr 

Presse :

Pierre Laporte : info@pierre-laporte.com

 

 

 

 

LE CATALOGUE DE L'EXPOSITION

(Éditions Actes Sud)

   

En accompagnement de l'exposition sera publié un catalogue, Exhibitions. L'Invention du Sauvage (coédition musée du quai Branly/Actes Sud, 2011). Organisé en 12 chapitres, il retrace l'histoire de ces exhibitions et de la formation d'un regard occidental sur ces hommes, femmes et enfants venus des autres continents. S'appuyant sur une riche sélection de 500 illustrations, photographies, peintures, affiches... ainsi que sur la contribution de 70 des meilleurs spécialistes internationaux de cette thématique, le catalogue offre une analyse exceptionnelle de la complexité du processus de construction de l'Autre en Europe, en Amérique et au Japon depuis cinq siècles.

 

Sous la direction de Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch et Nanette Jacomijn Snoep, avec la collaboration d'Antonio Guerci, Robert Bogdan, William Schneider, Christine Barthe, Volker Barth, Sylvie Chalaye, Éric Deroo, Pierre Fournier, Sandrine Lemaire, Guido Abbattista, Nicola Labanca, Hilke Thode-Arora, Nicolas Bancel, Charles Forsdick, Karel Arnaut, et avec les contributions de Dominique Chevé, Monika Firla Forkl, Michelle Hethrington, Live Yu Sion, Catherine Servan Schreiber, Peter Bloom, Marijo Anoldi, Angelika Friederici, Nicolas Menut, Elke Bujok, Donald Smith, Suzane Preston-Blier, Frederica Tamarozzi, Toru Sakano, Joël Dauphiné, Neus Moyano, Arnaud Nanta, Lilian Thuram, Patrick Minder, Michèle Delanay, Catherine Hodeir, Roselyn Poignant, Anne Maxwell, Farid Abdelouahab, Robert Rydell, Maarten Couttenier, Rea Brandle, Catherine Coquery-Vidrovitch, Laurick Zerbini, Alexander C.T. Geppert, John M. MacKenzie, Nadège Piton, Anne Maxwell, Dominic Thomas, Frederica Tamarozzi, Anne Décoret-Ahiha, Panivong Norindr, Nathalie Morena, Lucile Pouthier, Gérard Collomb, Olivier Barlet, David Murphy, Yves Leonard, Herman Lebovics, Bernard Andrieu, Sabine Cornélis, Yacine Hamoud, Vivianne Perret, Isabelle Veyrat-Masson, Olivier Razak, Christian Baez et Achille Mbembe.

 

 

Informations :

Éditions Actes Sud

www.actes-sud.fr

 
 
 
UN COLLOQUE INTERNATIONAL 

« Autour des zoos humains »

Théâtre Claude Lévi-Strauss - Musée du quai Branly

Les 24 et 25 janvier 2012

 

En présence de Lilian Thuram, commissaire général de l'exposition « Exhibitions. L'invention du sauvage », de Pascal Blanchard et Nanette Snoep (commissaires scientifiques de l’exposition), de Gilles Boëtsch (directeur de recherche au CNRS et co-directeur du catalogue de l’exposition), et d'une trentaine des meilleurs spécialistes internationaux. Tous seront invités à croiser leurs regards sur le phénomène des exhibitions de « monstres » et d'« exotiques » en Europe, aux États-Unis et au Japon dans le cadre de quatre tables rondes thématiques et de la projection de plusieurs films, dont Calafate. Zoologicos Humanos de Christian Baez Allende, réalisé par Hans Mulchi, et Zoos humains d’Éric Deroo et Pascal Blanchard.

 

 

    Mardi 24 janvier (matin) : Table-ronde 1 La construction de la race et d'un regard dans les exhibitions ethnographiques, linvention de l'autre

(Présidée par Gilles Boëtsch et Anne-Christine Taylor, avec Claude Blanckaert, William Schneider, Sandrine Lemaire, Christian Joschke, Bernard Andrieu, André Langaney et Sylvie Chalaye). Depuis le XIXe siècle, lOccident s'est pris d'un engouement pour les exhibitions ethnographiques. Les populations « exotiques » sont censées être exhibées dans leur environnement « naturel » et selon leur mode de vie « originel ». Tout du moins, il s'agit du discours officiel des organisateurs de tels spectacles. Ces exhibitions ont dans le même temps construit une perception de lAutre auprès des visiteurs, aidée en cela par le discours raciologique de la communauté scientifique, et ont à leur manière participé à lélaboration du savoir scientifique à la fin du XIXe siècle.

 

    Mardi 24 janvier (après-midi) : Table-ronde 2 Images et imaginaires sur les « sauvages » dans les exhibitions, une histoire du regard

(Présidée par Nanette Snoep et Dominic Thomas, avec Patricia Morton, Patricia Falguières, Éric Deroo, Zeynep Celik, Peter Mason et Elisabeth Edwards). Comment la peinture, l'affiche, la photographie, le cinéma et les reconstitutions architecturales dans les expositions universelles ont créé et formé une figure de l'Autre : le monstre, le freak, le sauvage. Nous questionnerons aussi limage du « sauvage » et comment celle-ci sest intégrée dans le discours racialiste des XIXe et XXe siècles. Si avant le XIXe siècle limage du « sauvage » est réservée à une petite partie de la population et connaît une diffusion relativement réduite, dès le XIXe siècle, l'image du « sauvage » se popularise, devenant ainsi accessible à tous, et se fait alors illustration d’un discours impérialiste destiné à un très large public.

 

    Mercredi 25 janvier (matin) : Table-ronde 3 Exhibition, colonisation et construction nationale, l'impact des exhibitions

(Présidée par Pascal Blanchard et Nicolas Bancel, avec Achille Mbembe, Catherine Coquery-Vidrovitch, Patrick Minder, Volker Barth, Nicola Labanca, Charles Forsdick et Robert Rydell). Les exhibitions humaines ont été mises au service de la colonisation et de la construction nationale. Leur étude permet d'observer les rouages de cette construction et des intérêts, parfois différents selon les pays et les empires concernés. Les discours développés sur les races depuis le XIXe siècle par le biais de ces exhibitions ont permis de légitimer leffort de colonisation et dimprégner les esprits, de fixer les identités des peuples occidentaux, tant en Europe, en Amérique qu'au Japon.

 

    Mercredi 25 janvier (après-midi) : Table-ronde 4 Le sauvage, une construction ordinaire, enjeux contemporains

(Présidée par Lilian Thuram et Elisabeth Caillet, avec Michel Wieviorka, Doudou Diène, Elsa Dorlin, Françoise Vergès, Ninian Van Blyenburgh et Olivier Razac). Les exhibitions ont participé à la construction de la sauvagerie des populations que dautres dominaient. Les représentations de lautre ainsi forgées sont des constructions difficiles à effacer. Il convient donc daller plus loin dans la compréhension de leurs constructions et de voir comment il est possible de les déconstruire pour les remplacer par des représentations de lautre qui facilitent les relations « égales » entre tous les humains.

 

 

Informations colloque :

Musée du quai Branly

Anna Laban : Anna.LABAN@quaibranly.fr

www.quaibranly.fr

 
 
 
UN OUVRAGE COLLECTIF
 

Zoos humains et exhibitions coloniales.

150 ans d’invention de l’Autre

(La Découverte, octobre 2011)
 
 

Sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boëtsch, Éric Deroo et Sandrine Lemaire. Les  « zoos humains », symboles oubliés de l'histoire contemporaine, ont été totalement refoulés de notre mémoire collective. Ces exhibitions de « sauvages », aussi bien des « exotiques » que des « monstres », ont pourtant été, en Europe, aux États-Unis et au Japon, une étape majeure du passage progressif d'un racisme scientifique à un racisme populaire. Au carrefour du discours savant, des cultures de masse et de l'intérêt des puissances coloniales, ces exhibitions ont touché plus d'un milliard quatre cent millions de visiteurs depuis l'exhibition en Europe de la Vénus hottentote au début du XIXe siècle.  

Êtres difformes, populations exotiques et étrangetés de la nature se retrouvent sur scène côte à côte comme appartenant à un univers de l’anormalité, séparés des visiteurs par une barrière réelle ou imaginaire. Véritable ouvrage de synthèse sur la question, rassemblant les meilleurs spécialistes internationaux, les contributions proposées ici mettent en perspective la « spectacularisation » de l'Autre, à l'origine de bien des stéréotypes actuels.

 
 

Le livre est organisé en trois parties :

 

    1. Aux origines d’un genre : avec les contributions de Rosemarie Garland-Thomson, Éric Baratay, Raymond Corbey, Gilles Boëtsch, Pascal Blanchard, Yann Ardagna, Benjamin Reiss, Nadja Durbach, William H. Schneider, Sam Maddra, Hilke Thode-Arora, Antonio Guerci, Bernth Lindfors, Shane Peacock et Sandrine Lemaire.

 

    2. Tous les peuples de la terre : avec les contributions de Roslyn Poignant, François-Xavier, Fauvelle-Aymar, Alice Bullard, Joël Dauphiné, Gérard Collomb, Suzanne Preston-Blier, Gilles Boëtsch, Hélène Claudot-Hawad, Jean-Noël Ferrié, Tamatoa Bambridge, Robert Rydell, Catherine Servan-Schreiber, Pascal Blanchard, Pierre Labrousse, Alain Ruscio, Eric Ames, Peter Mason et Jean-Pierre Jacquemin.

    3. L’exhibition en plusieurs dimensions : avec les contributions de Patrick Minder, Arnaud Nanta, John MacKenzie, Sylvie Chalaye, Nadège Piton, Guido Abbattista, Nicola Labanca, Benoît Coutancier, Christine Barthe, Neus Moyano Miranda, Fabrice Delsahut, Mary Jo Arnoldi, Elisabeth Edwards, Éric Deroo, Herman Lebovics, André Langaney, Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Charles Forsdick. 

 

À découvrir sur
 

 
Groupe de recherche Achac

80 rue Laugier

75017 Paris

www.achac.com

contact@achac.com

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