Corps mobiles : marcher
LE GÉNIE DE LA MARCHE
POÉTIQUE, SAVOIRS ET POLITIQUE DES CORPS MOBILES
POÉTIQUE, SAVOIRS ET POLITIQUE DES CORPS MOBILES
DIRECTION : Georges AMAR, Mireille APEL-MULLER, Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ
Avec le concours de Frédéric de CONINCK
ARGUMENT :
Le regain d’intérêt pour la marche est notoire. On le distingue dans certaines pratiques artistiques actuelles, dans l’engouement pour les promenades urbaines, dans certaines formes de sociabilité, dans les bénéfices attendus pour le développement personnel et la santé ainsi que dans de nouvelles stratégies métropolitaines. Cependant, que savons-nous de la marche et de ses effets? Quelles connaissances des corps mobiles nourrissent nos représentations de la mobilité et des territoires?
Tant dans ses objectifs que ses perspectives, le marcheur est une figure universelle et multiple. Cependant, une part majeure des pratiques de la marche reste invisible dans les statistiques et les représentations. Mode de déplacement du paysan, du pauvre, de l’enfant, du "citadin numérisé" ou action privilégiée du penseur, du randonneur, du flâneur urbain, la marche co/opère avec les mobilités d’une société qui a valorisé la vitesse, à toutes les échelles: de la géographie aux micro-lieux, de l’espace public à l’espace intime. Fondement de l’accessibilité, la marche devient aussi créatrice de situations et support de consommations variées, le prétexte à l’ouverture de nouveaux échanges et marchés.
Ce colloque fait l’hypothèse d’un "génie de la marche" qui ne demande qu’à être déployé dans le monde contemporain. Destiné aux chercheurs, élus et aménageurs, mais aussi aux créateurs ou prescripteurs et à tous ceux que les ressorts de la marche et ses enjeux territoriaux, esthétiques, anthropologiques, environnementaux interrogent, il alternera des séquences scientifiques ou artistiques avec des ateliers et des expériences.
COMMUNICATIONS, TABLES RONDES, ATELIERS :
De l’héritage au contemporain - De l'anthropologie au nouveau marcheur
* Georges AMAR: Introduction
* Frédéric GROS: Philosophies de la marche
* Anne JARRIGEON: Corps et corporéité dans l'espace public
* Sonia LAVADINHO: Le nouveau marcheur
* Jérôme MONNET: Quand les marcheurs parlent de la marche "entre eux": savoirs d'usages et intelligence collective
* Ariane WILSON: L'héritage, l'anthropologie
"Figures de marcheurs" (équipe Paris 2030), table ronde animée par Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ, avec Xavier DOUSSON & Steven MELEMIS, Marion TILLOUS
De l'infrastructure à la chaussure, les nouveaux marchés de la marche
* Mireille APEL-MULLER: Introduction
* Jean-Marc DJIAN: Du footware au corps mobile
* Jean-Marie DUTHILLEUL: Après la guerre des modes, éloge de l'homme debout
* Eric LE BRETON: La marche paysanne
* Yann MOULIER-BOUTANG: Les externalités de la marche
* Athanassios TUBIDIS: Le corps mobile dans le mobile
Pourquoi le transport s'intéresse-t-il à la marche?, table ronde animée par Véronique MICHAUD (Un club des villes marchables), avec Jérémy DAMIAN (Une sensation de mondes: la marche solitaire en montagne), Marie FIORI (Une signalétique piétonne pour favoser la marche), Théo FORT-JACQUES (La marche au pluriel: agencements géographiques de la coprésence en situation de déplacement), Eloi LE MOUËL (Scénographie artistique d'espaces publics: déplier et coudre la ville par la marche)
La marche, nouveau génie de la ville
* Gilles DELALEX: La ruche sans couture
* Chantal DECKMYN: Lire la ville, insertion par la marche
* Nicolas TIXIER: Transects urbains. Pratique in situ / dispositif de représentation / posture de projet
* Stéphane TONNELAT: Les interstices marchés
Quelles politiques de la marche en ville?, table ronde animée par Georges AMAR, avec Pierre MANSAT (Ville de Paris), Olivier FRÉROT (Agence d'urbanisme de Lyon) [La marche urbaine dans l'agglomération lyonnaise], Ricardo MONTEZUMA (Fondacion Ciudad Humana, Bogota)
Concevoir, expérimenter la marche
* Sabine CHARDONNET: Introduction
* Olivier HIRT: Designer la marche
Atelier créatif sur la marche, travaux de design avec des étudiants de l'ENSCI
Marcher à Saint-Lô: paysage sensible, écouter la marche dans une ville-préfecture, organisée par Jérôme POIRET, avec des acteurs de la ville in situ, suivie et commentée par l'écrivain Julien GRAS
Sciences des corps mobiles
* Alain BERTHOZ: Le cerveau, la marche et l'espace: la mémoire des trajets, son développement et sa pathologie
* Stéphane DONIKIAN: La Marche virtuelle
* Fabien GIRARDIN: Le marcheur augmenté
* Jean-Paul LAUMOND: Un robot, comment ça marche?
* Thierry POZZO: La marche imaginée, de la perception à l'action
Sabine PFEIFFER: "Bon pied bon œil", une exploration du rôle du regard dans la marche: la démarche de Moshe Feldenkrais
Poétiques de la marche
* André CARPENTIER: Flâneries urbaines et géopoétique en territoire montréalais
* Frédéric de CONINCK: Bascho, le Haïku et la marche
* Emmanuel FILLIOT: Nommer les lieux, inventer un chemin
* Heindrick STURM: Les Arpenteurs
Atelier chorégraphique, animé par Noelle SIMONET (Qu'est-ce que la Cinétographie?), avec Naoko ABE (la notation Laban)
SOIRÉES :
* La marche au cinéma, avec Marielle GROS (La figure de marcheur au cinéma: marche et démarche)
* Art & marche, avec Yannick FRANÇOIS (Marcher, regarder, faire/poétique de la marche)
* Une marche océanique crépusculaire, animée par Catherine ESPINASSE, avec Guillaume ALLARDI (Je marche, récit/interprétation poétique)
* Atelier Feldenkrais, animé par Sabine PFEIFFER (expérimentation du mouvement)
* Performance chorégraphique: du pas marché au pas dansé, avec Noelle SIMONET
* Exposition de photos, avec Gégoire VOPEL
RÉSUMÉS :
André CARPENTIER: Flâneries urbaines et géopoétique en territoire montréalais
Montréal se présente comme une ville de contrastes, avec ses cultures fondatrices et son architecture bigarrée, ses hivers neigeux et ses 350 kilomètres de pistes cyclables, sa "montagne" et ses trente kilomètres de réseau piétonnier souterrain, ses grands parcs, ses ruelles... Or, depuis une douzaine d’années, j’ai abondamment exploré Montréal. Pour ce faire, j’ai adopté le rythme de la flânerie, qui est une façon d’habiter la ville, d’y être soi parmi les autres et solidaire des autres. Ces déambulations flâneuses en territoire urbain ont donné lieu à la publication d’ouvrages littéraires. Cette présentation témoignera de mon rapport flâneur à la ville, en tant qu’écrivain, mais aussi dans une perspective géopoétique, qui vise à explorer les relations sensibles à la terre. Cette approche géopoétique a conduit à la mise sur pied d’une activité collective dite du Retour du flâneur et à la tenue d’un Atelier du flâneur montréalais offert aux étudiants de l’Université. Au centre de cette présentation, il y aura donc Montréal, comme espace de flânerie urbaine et géopoétique.
André Carpentier est romancier et nouvelliste. Il a publié un récit de voyage au Tibet, ainsi que deux récits fragmentés résultant d’années de flâneries, l’un en ruelles montréalaises, Ruelles, jours ouvrables (2005), l’autre dans les cafés montréalais, Extraits de cafés (2010). Il flâne actuellement dans les parcs...
André Carpentier enseigne dans le secteur "création" du Département d’Études littéraires de l’UQAM. Il est co-fondateur de La Traversée — Atelier québécois de géopoétique, qui est affiliée à L’Institut international de géopoétique.
Gilles DELALEX: La ruche sans couture
L’aménagement des espaces publics et des rues n’échappe ni aux modes, ni aux idéologies. Cette contribution propose de montrer comment le fantasme moderniste d’un espace idéalement continu resurgit dans les pratiques d’aménagement actuelles, alors que la figure de la rue semblait avoir été définitivement bannie de l’urbanisme moderne. Elle montre que la notion de continuité s’est néanmoins modifiée, en gagnant en réalisme ce qu’elle a perdu en ambition, et que les nombreux équipements qui visent à parfaire les continuités de la rue, qu’il s’agisse de dispositifs techniques ou d’interventions plastiques, créent en réalité de nouvelles ruptures. Cette contribution propose finalement de soulever le danger de succomber à l’idéologie du continu et d’occulter les enjeux de seuils et de frontières qui restent d’actualité, dans un monde globalisé et des contextes urbains qui connaissent les formes aiguës de fragmentations sociales et spatiales.
Gilles Delalex est architecte, master en urbanisme et docteur en art. Il enseigne à l'école d'architecture de Paris-Malaquais, et mène une activité d'architecte au sein de l'agence Muoto qu'il crée en 2003 à Paris. Son activité de recherche touche aux thèmes de l'infrastructure, de l'idéologie et du mouvement, notamment au sein du laboratoire LIAT. Il s'est penché sur la question particulière de la rue et de ses relations au design, lors d'une collaboration avec l'Institut pour la Ville en Mouvement, sur l'exposition "La rue est à nous... tous!".
Olivier FRÉROT: La marche urbaine dans l'agglomération lyonnaise
Et si l’urbanisme se saisissait de la marche pour concevoir et aménager autrement la ville? Ce regain d’intérêt pour la marche urbaine et le mouvement, et plus largement pour les nouvelles mobilités tissées avec le numérique, côtoie et recoupe, de façon inattendue, les intérêts contemporains pour la biodiversité en ville, la transformation du rapport à la nature, le défi climatique, ainsi que l’attente d’urbanité et son expression culturelle et artistique.
Ces évolutions sociétales convergent sur l’espace public, et plus précisément sur la rue. Les politiques publiques conduites depuis une génération attestent une reconquête de l’espace public engagée d’abord sur les places, puis progressivement sur la reconfiguration du réseau de voirie privilégiant l’espace de circulation des transports collectifs et des deux roues, au détriment de l’espace dédié à l’automobile. Il s’agit donc de prendre le contre-pied de ce fonctionnalisme (séparation des fonctions et des circulations, hiérarchisation du réseau de déplacements) qui a produit les enclaves et les fractures de la ville, et dont la rareté de l’espace public disponible montre les limites. Faisons l’hypothèse que cette transformation de l’espace public prenne la forme d’un réseau de liens, pour mettre l’homme mobile au cœur des mobilités, mêler l’urbanité à l’art, à la culture et aux présences du vivant. Et il faut de la place ! En dégageant des marges de manœuvre sur les espaces circulés et le stationnement des voitures. A Lyon, ces idées de liens urbains ont commencé à être mises en œuvre sur le projet de reconquête des berges du Rhône réalisé en 2007, avec la suppression de 1600 places de stationnement, des modes de déplacements multiples, le contact avec la nature du fleuve, la mise en scène de la cité, l’attractivité des cafés et restaurants-bateaux, l’espace de représentation de la ville dans son site.
Olivier Frérot est ingénieur des Ponts & Chaussées, il dirige l’Agence d’urbanisme de Lyon depuis l’été 2007.
Bibliographie:
Le Piéton dans la ville: l’espace public partagé, Terrin (J.J.), Editeur: Parenthèses éd., 09/2011, 279 p.,
"La ville en train de se faire". Cet ouvrage présente la réflexion menée à l’occasion de deux séminaires organisés en 2010 à Paris et à Vienne dans le cadre du programme POPSU Europe. Amsterdam, Copenhague, Lausanne, Londres, Lyon, Paris (75), Vienne (Autriche) – Espace public, Piéton, Marche à pied, Mobilité, Accessibilité, Aménagement urbain, Développement durable, Partage de la voirie, Usage, Stratégie, Urbanisme – Documentation. Ouvrage O-13725.
Le Piéton : nouvelles connaissances, nouvelles pratiques et besoins de recherches. Acte du 2ème colloque francophone de la plate-forme intégratrice COPIE, novembre 2009, Lyon, Editeur: INRETS, 09/2010, 330 p. – Piéton, Usager des transports, Marche à pied, Mobilité, Bien-être, Comportement, Sécurité routière, Accident, Enfant, Déplacement, Accessibilité – Documentation. Ouvrage O-13816.
Le Piéton considérable : la marche au cœur des mobilités : 1er phase du séminaire : partage des connaissances, Amar (G.), Michaud (V.), Bellec (Y.), Segrestin (B.), Editeur: RATP, 09/2007, 55 p. – Piéton, Mobilité, Modes doux, Marche à pied, Partage de la voirie, Sécurité routière, Santé, Déplacement, Mode de transport – Documentation. Ouvrage O-11229.
Marielle GROS: La figure de marcheur au cinéma: marche et démarche
La démarche révèle l'individu, son caractère, sa classe sociale, on parlera de son "allure"...
La marche, elle, est plus collective: elle parle de la société, explore le territoire, mais elle peut aussi, par un effet de miroir, révéler les profondeurs de l'individu lui-même...
De Charlot à Tati, d'Eric Rohmer aux frères Larrieu, des cinéastes ont mis en scènes des marcheurs.
A travers des extraits de films, se dessine alors une sorte d'itinéraire poétique de la figure du marcheur au cinéma...
Marielle Gros, après un itinéraire qui a croisé la sociologie et l'urbanisme, s'est formée à la réalisation documentaire et a réalisé une trentaine de films sur des sujets de société, notamment la place des femmes et des jeunes dans le monde rural et urbain, le développement local, le rôle social de la culture, la fabrique de l'information... En 2003, a été créée la structure: "Image de Ville" qui a initié le festival du même nom sur l'architecture et l'Espace Urbain à Aix-en-Provence et, en 2006, les Journées du Film sur l'Environnement dont elle est la directrice artistique. Ces journées croisent films et interventions sur des sujets d'environnement et de société. Elles étaient consacrées l'an dernier aux transports sous l'intitulé: "Circulez!" et le sujet de la marche a, bien sûr, été évoqué.
Ci-joint le lien vers le programme de cette dernière édition: http://www.imagedeville.org/images/telecharger/jfe11_programme.pdf
Jean-Paul LAUMOND: Un robot, comment ça marche?
La robotique traite du rapport que peut entretenir avec le monde réel une machine dont les mouvements sont commandés par un ordinateur. Le robot se distingue ainsi à la fois de l’automate dont les mouvements sont mécaniquement déterminés, et de l’ordinateur qui manipule des informations mais ne bouge pas. Les roboticiens ont développé des modèles et des algorithmes permettant à un robot humanoïde bipède de marcher, modèles et algorithmes actuellement très éloignés des principes connus gouvernant la locomotion humaine. Il y a à gagner à confronter les différentes approches: pour le roboticien en testant de nouvelles méthodes de contrôle de la marche, pour le neurophysiologiste en bénéficiant de nouveaux modèles mathématiques pour mieux comprendre la forme des trajectoires locomotrices humaines.
Jean-Paul Laumond est directeur de recherche au LAAS-CNRS à Toulouse. Ses travaux portent sur les fondements calculatoires du mouvement anthropomorphe, chez l'homme et pour les robots humanoïdes. Il enseigne la robotique à l'ENS. Professeur de mathématique en lycées au début de sa carrière, il intègre le CNRS en 1985. En 2000 il contribue à la création de la société Kineo Cam qu'il dirige pendant deux ans: l'entreprise développe des composants logiciels aujourd'hui bien implantés dans le secteur du prototypage virtuel pour l'industrie automobile et l'aéronautique. De retour au LAAS-CNRS, il co-dirige de 2005 à 2008 le laboratoire franco-japonais JRL dédié à la robotique humanoïde. Il est actuellement le titulaire de la chaire annuelle Innovation Technologique Liliane Bettencourt au Collège de France.
Eric LE BRETON: La marche paysanne
Certains marchent parce qu’ils n’ont pas de voiture ou pas d’argent pour y mettre de l’essence; certains marchent parce qu’ils travaillent dans des endroits et à des heures où il n’y a rien d’autre; certains marchent parce qu’ils ne comprennent rien du tout à l’organisation des transport en commun, et parce qu’ils sont mal à l’aise dans l’ambiance électrique des grandes gares multimodales: ce qui se présente comme espace de service pour certains est un repoussoir pour d’autres; certains marchent parce que faire un ou deux kilomètres suffit à baliser le territoire qu’ils maîtrisent et que, plus loin, ils ne veulent pas y aller car ils ne connaissent pas; certains marchent car, à pied, on s’enfuit plus facilement qu’en voiture, qu’en bus et qu’en métro. Un français sur cinq est contraint à ce type de marche qu’on dira "paysanne": une marche physiquement fatigante et restrictive, pratiquée sur des réseaux d’hyper-proximité.
Eric Le Breton est maître de conférence en sociologie à l'université Rennes 2.
Il a mené des enquêtes sur les politiques publiques de transport collectif (L’utilisateur des transports collectifs usager, client, usager ?, L’Harmattan, 2002), puis sur les rapports entre la mobilité quotidienne et l’insertion sociale et professionnelle (Bouger pour s’en sortir, A. Colin, 2005) et sur les pratiques de mobilité des salariés (Domicile-travail, les Carnets de l’info, 2008). Après un détour du côté des théories urbaines critiques (Pour une critique de la ville, PUR, 2012), il conduit, à Lyon, une enquête sur la lisibilité des villes.
Eloi LE MOUËL: Scénographie artistique d'espaces publics: déplier et coudre la ville par la marche
Nous nous appuierons sur un exemple situé (le Festival Photo de Mer 2012, Ville de Vannes, Morbihan) afin de comprendre en quoi la mise en cohérence d’époques urbaines et de territoires d’expression divers peut enrichir les logiques patrimoniales "classiques" d’un supplément d’âme "en train de se faire" (In the doing), pour reprendre un terme cher à Goffman. Nous tenterons de saisir en quoi la scénographie artistique des espaces urbains peut être assimilée à un travail de couture spatiale et expérientielle, donnant sens et corps à une ville déployée dans ses territoires, ses activités et ses temps. Le génie de la marche active, suscitée, rythmée, appelée par des espaces urbains prenant la parole, invitant à des dialogues faits de pauses et de mouvements, de spectaculaire et d’intime serait l’une des clefs de cette dynamique.
Docteur en sociologie de l’Université de Nanterre (sous la Direction d’Isaac Joseph puis d’Alain Milon), spécialiste en sociologie urbaine des interactions, Eloi Le Mouel est chargé d’affaires dans l’unité Conception et Identité des Espaces de la RATP auprès de Yo Kaminagai jusqu’en 2011 et Scénographe Urbain auprès de M. Yvan Sytnik (Responsable de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Vannes) depuis 2012, il axe ses recherches sur les enjeux de la culture et du design en espaces publics et de transport. Soucieux de nourrir son expérience professionnelle de son travail de recherche et vice versa, il intervient en écoles d’urbanisme, d’architecture, de design, d’action culturelle et artistique et de commerce.
Jérôme MONNET: Quand les marcheurs parlent de la marche "entre eux": savoirs d'usages et intelligence collective
Une communauté de marcheurs constituée à partir d'un forum internet, structurée par des rencontres et des "sorties", puis organisée en association, a été l'objet d'une observation participante pendant une année. Son modèle de fonctionnement n'est pas celui du club ni même celui du sport, mais plutôt celui d'un réseau qui articule différentes dimensions de l'expérience individuelle et collective. Ces marcheurs engagent leur corps comme ils engagent leur parole, avec une importante auto-réflexivité et en utilisant le "matos" et le "terrain" comme médiateurs des conditions relatives de l'expérience. On observe alors que la marche n'est pas une action isolable ni même une activité motrice, mais un complexe pratique qui articule le quotidien et l'extra-ordinaire, la perception sensible et les représentations discursives, l'intime et l'exotique.
Jérôme Monnet, professeur au Lab'Urba/Institut Français d'Urbanisme de l'Université Paris-Est (Marne-la-Vallée) mène ses recherches sur la production sociale de l'espace public.
Il a notamment publié "Le territoire réticulaire" (Anthropos n°227, Barcelone, 2010); "Manger sur le pouce dans la métropole contemporaine: dispositifs de consommation ambulante et ‘snackisation’ du paysage urbain" (Commerce et mobilités, Editions universitaires de Dijon, 2010); "Le consommateur ambulant: mobilités, stratégies et services" (coord. avec J. F. Staszak, Espaces et sociétés n°135, 2008); "La rue et la représentation de la ville: iconographie et lieux communs à Mexico et Los Angeles" (Flux n°66-67, 2006).
Nicolas TIXIER: Transects urbains. Pratique in situ / dispositif de représentation / posture de projet
Le transect se présente comme un dispositif se situant entre la coupe "clinique" et le parcours sensible empruntant à ces deux techniques pour les hybrider. Le transect se construit par le dessin, la photo, le texte, la vidéo autant qu’il se pratique in situ. Réhabilitant de fait la dimension atmosphérique dans les représentations architecturales et urbaines, rendant possible l’inscription des récits et le débat entre les disciplines, le transect peut devenir alors un mode d’interrogation et d’expression de l’espace sensible et des pratiques vécues à l’articulation entre analyse et conception.
Nicolas Tixier est architecte et docteur en sciences pour l’ingénieur. Enseignant à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Grenoble et à l'Ecole Supérieure d'Art de l'Agglomération d'Annecy, chercheur au laboratoire Cresson (UMR CNRS n°1563), ses travaux concernent principalement les ambiances architecturales et urbaines. Il mène parallèlement une activité de projet au sein du collectif BazarUrbain (lauréat du palmarès des jeunes urbanistes 2007). De 2003 à 2010, il a été chargé de mission scientifique au Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère au Ministère de la Culture et de la Communication. Depuis 2009, il est président de la Cinémathèque de Grenoble.
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