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Argumentaire
Le groupe de travail Corps, techniques et société (Cetcopra - AFS), organisera les 22 et 23 octobre 2012 deux journées d’étude transdisciplinaires et internationales sur
le thème : Les territoires corporels des techniques – Socio-anthropologie de l’imagerie médicale et du diagnostic. Ces journées sont organisées dans le
cadre du programme Les territoires corporels des techniques, et par Marina Maestrutti, Caroline Moricot et Valérie Souffron (Maîtres de Conférences au Service Général des
Sciences Sociales, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et membres du CETCOPRA).
Trois questionnements seront abordés au cours de ces deux journées.
1. La question de la production des images
Le développement de l’imagerie médicale et moléculaire passe par la possibilité de voir et de marquer les molécules : l’optique et la microscopie (microscopes con-focaux,
vidéo-microscopes, mais aussi microscopes en champ proche, comme le microscope à force atomique), les logiciels de traitement des images, les techniques de marquage, peuvent entrer dans
une catégorie de convergence instrumentale. L’utilisation de nano-objets, de l’informatique et de la physique permettent une observation « fine » des molécules in vitro et in vivo à
l’échelle du nanomètre.
La démarche induite par le développement des autopsies par imagerie médicale, dites « virtuelles » autorise des interventions manuelles limitées sur les corps autopsiés, et un
retour quasi indéfini sur les expertises produites.
Si les potentialités de visualisation fournies par les instruments et les nanodispositifs sont désormais susceptibles d’introduire une «téléréalité dans les cellules», que
sait-on réellement de la fabrication des images, des processus par lesquels les différents acteurs (médecins, industriels, chercheurs…) élaborent les dispositifs qu’il faudrait mettre
au point ? Quels imaginaires les animent : un désir de transparence, de conquête de terres inconnues…? Quels enjeux soulèvent ces nouveaux outils d’investigation du corps humain,
en termes de territoires professionnels et d’orientations épistémologiques? Sous quelles formes représenter ce qu’on ne «voit» pas ? Quels sont les enjeux du dévoilement du
fonctionnement corporel, du franchissement de l’intériorité du corps, jusqu’à la cellule? Comment représenter, mais aussi organiser et classer, ces nouvelles transparences du corps?
2. La question de la construction d’un regard
La fabrication des images ne peut être dissociée de « la fabrique du regard » qui lit et interprète ces images. Comment donner du sens à l’image ? Jusqu’à quel
point peut-on voir sans toucher : dans le cas de la chirurgie robotisée par exemple, ou dans celui des autopsies? Plus largement, quels sont les liens entre la vue et le
toucher ? Qu’est ce que « voir » à travers les yeux d’une machine ? Par quels types d’apprentissage faut-il en passer : dans le cas des anatomopathologistes confrontés à
la biopsie optique par exemple, dans celui des médecins légistes qui substituent le scanner au scalpel et à la scie? Quels sont les processus qui permettent de connaître, puis de
reconnaître ce qui dans une image doit être identifié pour permettre le diagnostic? Jusqu’à quel point peut-on se « libérer de la matière » ? Autrement dit : comment les
médecins passent-ils d’un travail sur l’image (à partir d’images construites, «manipulées» selon leurs propres termes) à un travail sur la « matière » que constitue le corps
du patient? Et inversement ? Enfin, comment ces visions parcellaires transforment-elles les représentations du corps comme « tout » ? Les questions du changement
d’échelle, mais aussi du rapport entre le visible immédiat et le visible reconstruit, entre les savoirs profanes et les savoirs experts, sont à poser, y compris du point de vue du
patient, des familles, des jurés d’une cours d’assise. La complexité technique ne supprime pas la médiation essentielle du regard.
3. La question du diagnostic
Les techniques d’imagerie médicale ont profondément transformé le processus de diagnostic. Jusqu’à quel point l’image est-elle une preuve ? Comment de nouveaux
standards du corps humain sont ils élaborés et partagés ? Est-ce que voir, c’est savoir, y compris pour des communautés d’experts?
Un corps rendu disponible à l’investigation « totale » pose aussi la question de sa normativité : les pratiques scientifiques et technologiques biomédicales, par exemple,
reposent sur la notion d’anomalie, de pathologie, de standards, de moyenne, de mesure. Comment ces techniques médicales peuvent-elles fabriquer de nouvelles normes corporelles, voire
d’autres rapports sociaux? Quelles nouvelles configurations du rapport entre médecin, patient, système de santé et système judiciaire se profilent-elles ?
Programme
Lundi 22 octobre 2012
9h00-12h30 : Images du corps. une perspective socio-anthropologique
Modératrice : Marie-Christine Pouchelle
-
Marina Maestrutti, Caroline Moricot, Valérie Souffron, Cetcopra, Paris1
« Penser le concret par les images. Le projet « Territoires corporels des techniques »
Séverine Rey, Haute École de Santé Vaud (Lausanne), anthropologue, Daniela Cerqui, Université de Lausanne, (anthropologue)
« Retour sur la Journée d'études "Regards croisés sur l'imagerie médicale", Université de Lausanne/ Haute école de santé Vaud (Lausanne, 21 mars 2012) »
- Anne-Marie Moulin, CNRS, historienne de la médecine,
« L’imagerie et la nouvelle « fabrique du corps ». Représentations et pratiques dans la production et la lecture en imagerie médicale »
14H00-18H00 : Questions d’image : production, interprétation, objectivité
Modératrice : Marie-Christine Pouchelle
- Dr Pierre Validire, Département d’Anatomie Pathologique de l’Institut Mutualiste Montsouris, anatomopathologiste
« Production, construction, attribution de valeur et objectivité des images médicales dans le diagnostic »
- Dr Fabrice Dédouit, CHU Rangueil (Toulouse), AMIS, médecin légiste
« Les traumatismes balistiques vus par le radiologue médico-légal »
-
Alexandre Dominguez, Haute Ecole de Santé Vaud-HES-SO (Lausanne), enseignant et manipulateur radio et Audrey Rinaldi, Haute Ecole de Santé Vaud-HES-SO (Lausanne),
manipulatrice radio
« Imagerie post mortem et implication du manipulateur: quid de la formation ? »
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Barbara Pentimalli, Université de Roma Sapienza, sociologue,
“Voir” les indices et les traces de l’erreur médicale: radiologues et médecins légistes interprètent les images médicales
Mardi 23 octobre 2012
9h00-12h30 : Nouveaux territoires du corps
Modératrice : Barbara Pentimalli
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Guido Nicolosi, Université de Catane, sociologue
« Signe virtuel, perception réelle, action socio-technique incarnée(une lecture pragmatiste) »
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Stefano Crabu, Université de Padoue, sociologue
« De la molécule au patient: la nanomédecine, un nouveau 'style de pratique' en oncologie ? »
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Alessandro Mongili, Université de Padoue, sociologue et Mauro Turrini, Université de Padoue, sociologue
« Chromosomes virtuels et foetus réels. Une controverse clinique actuelle sur le diagnostic prénatal »
14H00-17H00 : Sens et pratiques avec les images médicales
Modérateur : Guido Nicolosi
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Séverine Rey, Haute École de Santé Vaud-HES-SO (Lausanne), anthropologue et José Jorge, Haute École de Santé Vaud-HES-SO (Lausanne), technicien en
radiologie médicale et professeur HES S2
« Voir, penser et faire par des images : la médiation technique à l'œuvre dans la pratique professionnelle des technicien•ne•s en radiologie médicale (TRM) »
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Marina Maestrutti, Caroline Moricot, Valérie Souffron, Cetcopra, Paris1
« Conclusions et perspectives »
Discussion conclusive